- Votre nom d’artiste, Aaron, est le prénom de votre grand père, également artiste. Quelle influence a-t-il eu sur vous et votre parcours artistique ?
Effectivement, Aaron est en réalité mon deuxième prénom mais aussi celui de mon grand-père qui m’a beaucoup inspiré notamment à travers ses valeurs et son mode de vie. Durant toute mon enfance, je le voyais peindre sur son bureau et utiliser n’importe quel support ! Il n’avait pas de gros moyens et peignait donc très souvent sur des cartons de boîtes de chocolats ou encore sur du simple papier canson. Sa peinture était naïve et colorée, tout comme mes créations actuelles qui reprennent des couleurs vives et joyeuses. Il nous a quitté à l’âge de 93 ans et il était doté d’une force et d’une forme exemplaires pour son âge… Optimiste invétéré, rien n’allait jamais mal à ses côtés !
- Vos premiers pas en tant qu’artiste furent dans la musique, puis vous êtes passé au collage et à la customisation d’objets. Comment s’est effectuée cette transition ?
Je suis pianiste de Jazz et l’improvisation est naturelle dans cette musique. Mon idée a été de composer des œuvres sur le même principe qu’une improvisation musicale. Mes inspirations majeures dans ce domaine oscillent entre Michel Petrucciani, Monk, Keith Jarret ou encore Herbie Hancock. Grâce à eux et l’affection que leurs portais (et leurs porte toujours !), j’ai créé mon identité. Selon moi, c’est le propre de l’artiste. Dans l’Art, j’ai utilisé le même processus : je me suis inspiré de ceux qui me touche à l’instar d’Andy Warhol, Richard Hamilton, Keith Haring ou encore Indiana Robert, qui ont alors constitué mon ADN artistique tout en y ajoutant mes propres codes. Je fais très souvent référence aux réalisations que j’affectionne à travers mes collages. Grâce à la création de mes premiers Dollars ainsi qu’aux collages, j’ai développé une identité unique et facilement reconnaissable, c’est sans doute ce qui a provoqué et contribué à mon ascension.
- Vous livrez dans vos œuvres un univers emplis d’icônes contemporaines, de références artistiques et de clins d’œil à la culture de masse. Comment ces éléments ont-ils intégré vos créations ?
Les icones que j’intronise au centre de mes œuvres sont des artistes et des personnages que j’aime particulièrement et dont l’univers me passionne. J’ai souvent refusé des créations sur des personnes qui ne m’inspirent pas pour la simple et bonne raison que je me base sur des images de leurs vies afin de créer mes Dollars. Le but est de réaliser une sorte de patchwork retraçant les éléments phares de leurs existences, c’est ma façon de raconteur leurs histoires et leurs rendre hommage par le biais d’une « biographie imagée » ! A l’instar d’Andy Warhol, je dénonce également la culture de masse à travers mes œuvres, le Dollar étant le meilleur exemple du dictat de la société de consommation. L’argent n’est pour moi qu’un moyen de réaliser ses rêves…
- Quel(s) message(s) souhaitez-vous faire passez à travers vos œuvres ?
Mes oeuvres n’ont pour vocation que de transmettre de l’émotion et de la joie. Mon plus grand plaisir est de voir une personne les yeux ébahis devant un de mes tableaux. Sans dire un seul mot, je décèle dans son regard l’interprétation personnelle qu’elle a de mon message. C’est un véritable échange, valeur essentielle de mon travail. Cet effet « coup de cœur » est mon leitmotiv. J’aime surprendre et je veux que mes tableaux ne ressemblent à aucun autre.
- Comment vous voyez-vous dans 10 ans ? Quels changements ?
Les choses vont tellement vite que j’ai du mal à me projeter sur du long terme puisque je suis moi-même en constante effervescence créative ! Je ne me considère pas comme un sculpteur mais plutôt comme un designer. J’ai d’ailleurs dessiné ma sculpture (ma réinterprétation du Dollars) mais non pas sculpté. Je suis également un fervent admirateur de tout ce qui touche au design, ce que Starck a fait dans cet univers est exceptionnel et si l’on devait faire une corrélation entre l’Art et le design il serait pour moi ce que Warhol est au Pop-Art. Donc, pour répondre à votre question, il est fort possible que dans quelques années vous puissiez me découvrir dans un nouveau registre et que je m’exprime à travers la création d’objets ou de mobilier…